L’Age de Bronze ne nous a pas laissé de traces tangibles.
Par contre, au Premier Age du Fer, à partir des VII° et VI° siècles avant notre ère, le territoire est occupé par des Celto-Ligures, de la tribu des Camatulici, dont les habitats de hauteur, les plus importants de la région, étaient situés à La Courtine d’Ollioules et au Mont Garou (actuellement sur la commune de Sanary) tout proche. Au quartier de Fontanieu qui lui fait face, a été découvert un petit habitat de cette époque, en relation certaine avec lui, et dont le matériel fournit une datation remontant, pour les débuts au dernier quart du VI° siècle av. J.C.. C’est là le plus ancien habitat sédentaire localisé jusqu’à maintenant sur le territoire de La Cadière. Là apparaissent les premières céramiques d’importation massaliètes et étrusques, témoins des échanges entre indigènes et marchands grecs de Marseille, et peut-être des pillages et autres actes de piraterie auxquels les indigènes se livraient fréquemment aux dépens de ces mêmes marchands phocéens !
Au cours des siècles suivants, pendant le second Age du Fer, la population, plus nombreuse, s’installe dans les vallons et la plaine, où les plus anciens habitats reconnus remontent au début du II° siècle av. J.C., aux quartiers des Paluns et de St Jean.
Avec l’implantation romaine faisant suite aux appels à l’aide des Marseillais en conflits continuels avec les tribus indigènes et avec la malencontreuse prise de parti de la Cité massaliète lors de la guerre civile qui déchira Rome au cours de la deuxième moitié du I° siècle av. J.C., et enfin avec le développement de la Provincia sous Auguste, le territoire Cadiéren va se peupler intensément.
Sur un terroir cadastré (des traces de centuriation subsistent dans le quartier des Paluns), de luxueuses villas vont alors se dresser comme celles de la Madrague à St Cyr, de l’Olivette et du Vigneret au Castellet et de la Capelanié et du Pey Neuf à La Cadière. Sur ce dernier site un mausolée funéraire a rappelé le souvenir de son propriétaire jusqu’à la fin du XVII° siècle lorsqu’il fût vendu et démoli pour en récupérer les pierres. Ce mausolée composé de blocs de grand appareil était appelé “Les Belles Pierres” et a laissé son nom à un quartier.
Ces villas appartenant à de riches Romains ou des indigènes romanisés voisinaient avec d’humbles fermes comme celles du Vigneret ou celle des Marquands. Les habitats étaient denses dans les deux quartiers contigus des Paluns et de la Pinède et la présence en cet endroit-là d’une petite agglomération rurale anonyme, ancêtre de La Cadière et du Castellet, est probable.
L’économie florissante de l’époque était basée sur la vigne et l’élevage, mais aussi et surtout sur la culture de l’olivier et l’extraction de l’huile. Au quartier des Paluns, on peut voir au bord de la route de St Cyr, à l’embranchement du chemins des Capelaniers, les trois derniers rescapés des sept énormes blocs de pierre, des pedicini, ou soubassements de machinerie des pressoirs d’une très importante huilerie gallo-romaine.
La fin du III° siècle après J.C. voit une crise économique sans précédent ravager l’empire romain. Les crises politiques et les putschs militaires se succèdent, et les premières invasions barbares y ajoutent leurs destructions. La petite agglomération qui deviendra La Cadière n’est pas épargnée.
Les campagnes se dépeuplent, les exploitations sont abandonnées ou très rétrécies, et l’économie redevient une économie de subsistance autour des habitats survivants mais bien amoindris, tels le Pey Neuf, les Paluns, l’Olivette, le Vigneret, Fontanieu, Saint-Côme. Seul Saint-Jean semble avoir connu une fréquentation plus importante et ce au moins jusqu’au VII° siècle et peut-être VIII° siècle. D’autres habitants ont retrouvé les habitudes ancestrales et se sont réinstallés sur les hauteurs. Là est l’origine des villages perchés actuels de La Cadière et du Castellet. La plaine, négligée, peu sûre, restera à l’abandon et les drains des parties basses, n’étant plus entretenus, se transformeront par endroits en marais, d’où le nom de Paluns.
L’agglomération vivotera en économie réduite jusqu’au X° siècle où la fin des razzias sarrazines amènera un retour à la sécurité et à une économie de développement dans le giron de l’Abbaye “mère” et suzeraine (cathédra) de Saint-Victor de Marseille. D’où le nom donné à partir de cette époque à La Cadière : Cathedra, qui, peu à peu, suivant les avatars de la langue, se transformera en Cadéria, puis Cadiera, et enfin Cadière (tout en gardant sa signification symbolique de “cathèdre” que rappelle le siège figurant sur les armes de la ville).
Actuellement, dans le cadre d’un programme collectif de recherches accordé par le Ministère de la Culture et unique en France par son ampleur : “L’Ouest Toulonnais, du Néolithique au XX° siècle: Évolution des diverses phases d’occupation d’une micro-région”, des chercheurs du Centre de Documentation Archéologique du Var (Centre de Toulon) étudient et étudieront pendant les dix années qui viennent, l’évolution du Terroir Cadiéren.
Jean-Michel THEVENY