Une autre hypothèse quelques fois avancée donne pour origine du nom la proximité des champs de genévriers oxycèdre ou Cade en provençal.
Par acte du 31 Octobre 977 ainsi que le précisent les récents travaux historiques du père Amargier, l’évêque de Marseille investit les moines de Saint-Victor de ses droits sur la chapelle de Saint-Côme et Saint-Damien et ses dépendances, c’est-à-dire d’une grande partie du territoire que ces moines défrichent et cultivent.
Des démêlés s’ensuivent avec la Maison des Baux, possesseur en premier lieu du terroir. Peu à peu cependant la Bourgade s’accroît et se développe sous la domination pacifique des moines de Saint-Damien.
Dès la fin du XI° siècle, c’est une paroisse dont les chapelles rurales de Saint-Cyr et de Saint-Jean deviennent des dépendances.
En 1015, le Comte de Provence abandonne au monastère de Saint-Victor, ses droits sur une partie du terroir de La Cadière. Le monastère reçoit d’autres donations provenant de riches particuliers ou des Seigneurs des Baux qui, toujours à court d’argent, payent leurs dettes à l’Abbaye de Saint-Victor, en aliénant leurs terres de La Cadière et d’autres lieux comme Ceyreste et La Ciotat.
Au XIII° siècle, La Cadière a sa Maison du « Saint-Esprit » , confrérie qui dirige le premier établissement charitable. L’œuvre devient plus tard une institution municipale et une des branches les plus importantes du corps municipal.
En 1365 et en 1390, Hugues, Comte des Baux, cède tous les droits qui lui restent sur La Cadière. Ainsi finit, après une durée de plusieurs siècles, la co-seigneurie de la Maison des Baux. La Cadière devient la possession exclusive de l’Abbaye de Saint-Victor, sa première et plus forte place.
C’est en 1508 que l’on reconstruit l’église paroissiale de la Cadière dédiée à Saint André Apôtre (la croix de Saint André figure sur les armoiries de la ville).
Vers 1554 – 1555, conformément à un bref apostolique, la communauté et les consuls partagent et vendent à divers habitants les terres de Saint-Côme et Saint-Damien, de Saint- Cyr, et du Plan de la Mer, dont la mise en culture est commencée.
Près de la porte Mazarine était bâtie la maison où logea le Roi Charles IX accompagné de plusieurs personnages de la Cour, de la Reine-Mère et du jeune Henri (futur Henri IV) lors de leur passage à la Cadière en 1564.
En 1566 s’établissent les Pénitents Blancs (chapelle de Ste Magdeleine).
Nous savons qu’en 1615, le Capitaine Boyer est possesseur d’une grande étendue de terre ainsi que des îles dans le territoire de Bandol. Ces terres sont érigées en arrière-fief.
En 1633, les Pénitents Noirs s’installent (chapelle de la Miséricorde). Diverses chapellenies sont aussi fondées dont celle de Sainte-Catherine, etc.. (d’où l’origine du quartier de la Capelanié).
1649 – 1650, alors que la peste fait des ravages dans les villes voisines, plusieurs familles de ces centres viennent chercher asile dans le terroir de La Cadière que le fléau n’atteint pas, grâce aux précautions sanitaires et à la vigilance des magistrats qui assignent à ces émigrants les huttes de la Madrague pour y purger la quarantaine.
Vers le XIV° siècle, les remparts de La Cadière ne sont percés que d’une porte appelée “Porte de Saint-Jean”, celle qui conduit à l’Eglise par l’actuelle rue Auguste Charlois. Après les anciennes portes de Cavaillon et de la Colle, en 1657, l’Abbaye de Saint Victor permet d’ouvrir dans les remparts une quatrième porte appelée “Porte Mazarine” (face à la Poste).
En 1666, Pierre de Puget, évêque de Marseille, limite les prérogatives de la Maison du Saint Esprit.
Une délibération des Consuls, en 1680, règle l’organisation des processions aux chapelles rurales. A cette époque grâce aux nombreux ecclésiastiques prédicateurs éminents et moines, le village devient un centre intellectuel pour la région.
C’est en 1686 qu’une transaction entre la famille de Boyer de Bandol et l’Abbé de Saint Victor pour la création d’un bourg et son érection en paroisse. C’est le prélude à la naissance de Bandol.
L’acte de fondation de Bandol date de 1715. (Il est question pour la première fois des vins de Bandol). Ce quartier rural, dans tous les textes anciens, porte successivement différentes dénominations dont: Bendorinum 1343 – Bendorin 1414 – Bendor 1613 – Bandol 1715. En 1749, Bandol est séparé définitivement de la commune de La Cadière et acquiert son indépendance.
1720 – 1721, la peste qui ravage la Provence atteint Bandol, mais une nouvelle fois épargne l’agglomération de La Cadière.
Jusqu’à la révolution, La Cadière est gérée par un « Conseil de Ville » composé de 2 Consuls et de 6 Conseillers pour les assister, et par un bailli et plus tard un viguier représentant l’Abbé de Saint Victor; il est préposé à la police et au recouvrement des revenus. Les habitants de La Cadière jouissent de privilèges dont celui de s’assembler en parlement et de faire des statuts municipaux appelés “Capitouls”.
En 1742, l’autorisation est donnée par le Seigneur Abbé de Saint Victor de construire un cimetière au quartier rural de Saint-Cyr.
Le dernier Abbé de Saint Victor et en même temps le dernier seigneur temporel et spirituel de La Cadière, est un prince de Lorraine, mort en 1788.
Les associations de Pénitents, supprimées en 1790, sont réorganisées à La Cadière en 1825. Les corporations de métiers existent dans l’agglomération depuis le XVI° siècle.
1793 – 1794 – 9 Floréal, 9 Ventose An II de la République : les biens de l’Église et des émigrés deviennent biens nationaux. Le procès verbal de l’inventaire des vases sacrés et autres argenteries des chapelles de La Cadière est dressé, et ceux-ci sont vendus au district du Beausset.
L’église de Saint-Cyr est érigée en paroisse en 1808 et en 1825, les hameaux de Saint-Cyr et des Lecques forment une commune indépendante.
Au XIX° siècle :
L’histoire de La Cadière suit à peu près les grands contours de l’histoire française contemporaine.
Les anciennes cultures et industries (fleurs, immortelles, narcisses, anémones, noisetiers, figues sèches, et câpres) disparaissent peu à peu ; celle de l’olivier décline (gels de 1929 et 1956). Des très nombreux moulins à huile de La Cadière (il y en eu probablement jusqu’à 19, au XIX siècle) un seul subsiste aujourd’hui au quartier Saint Côme.
La culture du blé et des céréales, longtemps abandonnée, connait un certain renouveau.
Après l’épreuve critique du phyloxera, le vignoble se reconstitue et s’oriente vers une production de qualité concrétisée par le décret du 18 Novembre 1941, définissant les conditions de contrôle du vin de Bandol ou “Bandol”.
La guerre de 1914-1918 est cruellement ressentie à La Cadière où 62 de ses enfants font le sacrifice de leur vie.
Le 20 Août 1944, La Cadière est libérée par sa propre population et une unité de spahis ; élément de reconnaissance de la première armée française commandée par le Général de Lattre de Tassigny quelques jours avant Toulon et Marseille.